« La paternité vécue mettra fin au patriarcat »1. Cette idée forte est ici reprise par Jacques Arènes et Dalibor Frioux dans un entretien sur les tensions qui traversent la construction de l’identité masculine. Des siècles de patriarcat ont forgé une représentation tyrannique de l’autorité du père. Pourtant, la tentation de balayer toute figure paternelle en même temps que ce modèle ancestral abusif serait néfaste. Nous imaginons mal ce que pourrait devenir une société sans pères. Nous pensons même que la fin du patriarcat est une chance pour les pères, l’occasion d’investir une relation à l’enfant dont ils furent pendant longtemps privés. Le soin quotidien que les hommes ont et auront à cœur d’apporter aux enfants peut seul humaniser leur exercice de l’autorité. Car la paternité vécue développe le sens éminent de ce que l’on doit aux autres.
La place la moins importante par Jenn Williamson
Quand j’étais adolescente, ma famille est allée en thérapie. A l’occasion de notre première visite, le conseiller familial avait placé dans son bureau des chaises de taille et de confort variés. Lorsque nous sommes entrés, il a porté son attention sur la manière dont chaque membre de notre famille a choisi son siège. Avant qu’aucun de nous n’ait pu ouvrir la bouche, le conseiller était déjà capable d’analyser certaines dynamiques de notre famille rien qu’en observant la manière dont nous étions entré et nous étions installés.